Depuis le 7 octobre, nous assistons, impuissant·es aux massacres qui ont lieu au Proche-Orient. La guerre en cours est la conséquence d’un conflit larvé depuis des décennies, nourrit par l’extrême droite. C’est notamment elle qui a organisé l’assassinat d’Yitzhak Rabin qui a mis à feu et à sang la région. Des logiques coloniales, racistes, nationalistes sont le moteur de l’escalade des violences depuis presque 30 ans. Le génocide en cours en est le paroxysme.
En parallèle côté palestinien, tous les efforts de construction de politique de gauche ont été anéantis par l’extrême droite fondamentaliste religieuse. Se nourrissant de la confusion en territoire palestinien, le Hamas a confisqué le pouvoir. L’été dernier encore, le peuple palestinien luttait contre le Hamas et ses exactions à l’encontre de la population.
Les bombardements, les viols, la famine, le danger sanitaire, etc., l’ensemble des crimes de guerre perpétrés par l’État israélien doivent nous alarmer, quant au sort réservé aux palestinien·nes. Mais ces crimes manifestent également l’inutilité de l’ONU, de l’OTAN et de tous les traités signés. Comme tous les gouvernements fascistes, tels que ceux de Poutine, de Bachar Al Assad, d’Erdoğan, Xi Jinping ou de Modi, Le Likoud se fout de la convention de Genève, des droits humains ou des décisions internationales.
Camp contre camp
La logique qui voudrait faire des deux peuples deux camps qui s’affrontent est essentialiste et mortifère. Parce que nous sommes libertaires et donc antimilitaristes et contre toutes les dominations et toute assimilation d’un peuple à une essence supposée, nous ne pouvons nous résoudre à rendre coupable quelque peuple que ce soit.
Nous pensons que nous pouvons condamner l’extrême droite israélienne au pouvoir et toute forme de colonisation sans faire de l’intégralité d’un peuple et plus encore, de toutes les personnes juives du monde, les responsables du génocide en cours. De la même façon, nous réprouvons toutes les logiques qui ont consisté à déshumaniser les palestinien·nes et faire d’un peuple entier le responsable de l’attaque du 7 octobre.
Aussi, nous refusons les logiques de camps, l’essentialisation des peuples et continuerons de lutter contre ceux et celles qui, ici, se servent de se combat pour nourrir leur agenda raciste, que ce dernier soit islamophobe ou antisémite. À ce titre nous condamnons toutes les organisations, y compris celle de gauche qui parlent de résistance pour qualifier les tueries du 7 octobre ou qui justifient l’ethnocide en cours au prétexte des exactions du Hamas. Nous sommes inquiet·es face aux discours « antisionnistes » et les amalgames que cela suppose. Nous refusons d’appeler à la destruction ou annihilation d’un peuple quel qu’il soit. Nous luttons pour l’autodétermination des peuples et réaffirmons que les termes et les enjeux des accords ne nous reviennent pas.
Nous pensons qu’en tant qu’occidentaux, notre place est celle d’alliés et réclamons de sortir des positions dogmatiques et des discours ambigus. Ces dernières attisent la haine et n’aident en rien les Palestinien·nes et les Israélien·nes.
Nous refusons tous les fascismes qu’ils soient israélien ou palestinien, tous les racismes et condamnons tout autant l’attaque du 7 octobre et le génocide qui lui a succédé. Nous voulons que les organisations françaises écoutent les organisations sur place et militent pour la fin de la guerre et pour une paix durable en Palestine et Israël.
Notre appel
Pour cela, nous appelons à la constitution de larges mobilisations réunies sur des bases claires, qui refusent les amalgames et luttent pour la paix. Et appelons à ce qu’elles reprennent les revendications de groupes comme B’Tselem, Standing Together ou Women Wage Peace et qui sont les suivantes :
– Acheminement de toute l’aide humanitaire nécessaire à la survie des populations gazaouies et à la reconstruction de la bande de Gaza
– Arrêt immédiat de la guerre sous toutes ses formes
– Libération de tous·tes les otages (israélien·nes et d’autres nationalités) détenu·es par le Hamas et les groupes qui ont pris part aux attaques du 7 octobre
– Libération des Palestinien·nes placé·es en détention arbitraire en Israël
– Arrêt de la colonisation en Cisjordanie et retrait des territoires occupés
– Mise en place d’un processus de paix fondé sur la justice et les légitimes aspirations des Palestinien·nes et des Israélien·nes.
Nous revendiquons également le droit au retour pour les Palestinien-nes chassé-es de leurs terres depuis 1947 et le droit à la réparation.
Bordeaux, 28 mars 2024.