Dans un contexte de montée de l’antisémitisme et de recrudescence des actes antisémites, nous avons co-organisé une journée de formation et de discussion avec le collectif Juives et Juifs Révolutionnaires (JJR) fin février. À ce titre, nous remercions chaleureusement JJR ainsi que toustes les militantes et militants qui se sont déplacé·es pour faire de cette journée une réussite.

Juives et Juifs Révolutionnaires est un collectif militant qui produit régulièrement des analyses et prend position contre l’antisémitisme, y compris celui de notre champ politique. Nous estimons que cette analyse est vitale pour la compréhension et la lutte contre ce racisme.

Cet évènement est le premier d’un cycle de formations que nous préparons, alors que la nécessité d’un antiracisme politique conséquent se fait plus que jamais ressentir. La montée globale de l’extrême droite en Europe se manifeste par une augmentation drastique des actes et discours racistes ou par des attaques toujours plus violentes de l’État envers les personnes racisées.

Depuis plusieurs mois, l’atmosphère à gauche est irrespirable pour de nombreux·ses camarades juif·ves. Déjà en octobre, plusieurs organisations de gauche, à Bordeaux comme ailleurs, se sont empressées de soutenir les attaques terroristes du Hamas et de les désigner comme « actes de résistance ». Par ce soutien, une partie de la gauche s’enlise dans une logique de camp délétère, gommant ainsi le caractère foncièrement antisémite et fasciste du programme politique de ce mouvement. Ceci s’inscrit dans une situation globale d’incapacité des gauches à dénoncer l’antisémitisme en tout contexte, et ce depuis bien trop longtemps. En effet, ce dernier est de nature structurelle en France et la gauche, au regard de son histoire, peine à combattre voire même à définir ce racisme : on ne note aucune dénonciation réelle ou mobilisation contre l’antisémitisme, et ce depuis de nombreuses années.

L’antisémitisme se caractérise par plusieurs formes et se nourrit d’un imaginaire multicentenaire. Il fait des personnes juives les tenants d’un complot qui passe par un contrôle et un accaparement de l’argent, des médias et des sphères intellectuelles et artistiques. Nous voyons même revenir le cliché antisémite des empoisonnements de puits ou la théorie conspirationniste du philosémitisme d’État. À cela s’ajoute un amalgame essentialisant qui fait de chaque personne juive la responsable des politiques israéliennes et du génocide en cours à Gaza. Chaque personne concernée devant obligatoirement subir un contrôle politique avant toute possibilité d’expression ou d’action militante. Ceci met les personnes juives face à un choix impossible : se taire ou être exclu·e. Nous avons collectivement fermé les yeux et accepté des antisémites dans nos manifestations et nos cadres de luttes, ça ne peut plus durer !

Nous refusons la concurrence des mémoires, des racismes et leur hiérarchisation. Nous refusons aussi la fixation morbide d’une partie de la gauche sur le « sionisme », fruit du stalinisme. Personne ne se réclame de « l’anti hindutvarisme », de « l’anti myanmarisme » ou de « l’anti sinoisme » alors que, en Inde comme en Birmanie ou en Chine, les gouvernements mènent une politique claire et assumée de colonisation et d’extermination des populations musulmanes.

Nous refusons que la pensée de Soral et de ses anciens fidèles soit encouragée alors que nos camarades juifves sont silencié·es.

Nous refusons que la lutte contre l’antisémitisme serve de prétexte aux racismes de l’extrême droite.

Nous refusons les amalgames des personnes juives avec la politique fasciste et génocidaire du Likoud.

Bordeaux, 30 mars 2024.